Pour toutes celles et tous ceux qui aiment le rock progressif, 'Derek William Dick', alias 'Fish' est un artiste incontournable de ces 40 dernières années et associé définitivement à 'Marillion' et ce dernier album a été annoncé par 'Fish' lui-même comme le dernier enregistrement studio. Alors, après 'A Feast of Consequences' qui date déjà de 2013, ce dernier voyage musical en compagnie du chanteur avec au compteur 4 albums avec 'Marillion' et 11 en solo nous embarque pour près d'une heure et demi dans son univers qui est cette fois, pour ma part, plus mélancolique avec un titre en Allemand qui littéralement signifie 'Douleur du Monde' et qui montre du premier titre au dernier titre tout le ressenti de cet artiste qui nous parle de notre monde avec tous ses problèmes et qui est peut-être une des raisons de cette retraite musicale anticipée.
Sur les 10 compositions, 3 étaient déjà présentes sur l'EP 'A Parley With Angels' sorti en 2018 et qui contenait également 4 autre titres en concert. Et d'entrée, c'est avec un poignant 'Grace of God' que 'Fish' nous accueille avec un texte sur la fin de vie qui est musicalement coupé en deux avec une première partie remplie d'émotion, me rappelant certaines lignes mélodiques de 'RPWL' puis une deuxième partie semi-acoustique plus tourmentée avec des sonorités plus contemporaines, puis 'Man With a Stick' (déja présent sur 'A Parley With Angels'), avec sa rythmique chaloupée est plus direct et plus facile à apprivoiser et me rappelle l'atmosphère que dégageait certains titres de 'Phil Collins' dans les années 80. Avec 'Walking on Eggshells', on revient à un progressif imaginatif avec une succession de différentes parties contenant de remarquables arrangements avec par exemple ce final avec des cordes et la participation de 'Doris Brendel' au chant, puis, 'The Party's Over' est certainement le titre le plus léger avec ses influences folk, rappelant que l'Ecossais a toujours été influencé par ce style mais qui parle de son adieu à la musique et qui du coup, montre un visage mitigé entre joie de commencer une nouvelle vie et tristesse de devoir de quitter sa vie musicale. Suit 'Rose of Damascus' de plus de 15 minutes qui nous embarque dans une ambiance tranquille et posée qui prend petit à petit son envol et nous invite avec des sonorités de cordes très contemporaine à une longue partie chantée dans laquelle alternent parties intenses et d'autres plus calmes avec en point d'orgue les cordes qui se déchaînent dans une sorte de tempête sonore et le titre se termine par une partie douce à la 'RPWL' en léger crescendo, puis, on atteint un sommet émotionnel avec 'Garden of Remembrance' dans lequel 'Fish' parle de la maladie d'Alzheimer et, sur ce titre, la vidéo (voir ci-dessus) amène une intensité encore plus grande et on se surprend à verser quelques larmes (comme d'ailleurs 'Fish' lui-même dans la vidéo) tellement l'intensité est immense. 'C Song (The Trondheim Waltz)', qui suit, est là pour nous remettre de nos émotions pour revenir à un titre plus classique popisant en semi-acoustique et 'Little Man What Now?' est le deuxième long développement, tiré du dernier EP, dans une ambiance nonchalante dans laquelle la partie chantée se déroule lentement tout en gardant une grande tension vocale et dans laquelle les cuivres amènent un côté feutrée au début et participent à la remarquable envolée finale pouvant rappeler les atmosphères de 'Pink Floyd' pour retomber dans un très beau decrescendo instrumental, puis, 'Waverley Steps (End of the Line)', toujours tiré du dernier EP, est typique du progressif recherché et imaginatif de 'Fish' véhiculant toutes sortes de sentiments avec de magnifiques alternances d'intensité et de rythme avec encore de remarquables interventions des cuivres amenant une force supplémentaires et l'album se termine sur le titre éponyme de l'album, 'Weltschmerz' avec un 'Fish' voulant laisser une image d'une personne engagée avec ses mots pour seule arme contre ce monde dans lequel il ne se reconnait plus, je cite ses paroles : "Je me suis gavé des connaissances que je me suis régalé du flux numérique, j'ai discerné à travers ma sagesse que tout ne peut être cru, je suis arrivé à la conclusion que nous avons tous été trompés et que nos libertés et notre démocratie ne sont pas ce qu'elles semblent être" ou encore ces autres mots "Je me suis forgé l’opinion que les choses ne peuvent pas rester telles qu’elles sont. Ma colère et ma fureur piégées comme une guêpe dans un bocal. Il n’est jamais trop tard pour prendre un nouveau départ courageux. Quand la révolution sera appelée, je jouerai mon rôle".
En résumé, 'Fish' tire sa révérence de la plus belle manière possible avec un album fort que ce soit musicalement mais aussi au niveau des thèmes abordés et ce beau témoignage montre une fois de plus que la musique joue également un rôle important et indispensable de révélateur de notre monde dans ces temps troublés. Le rock progressif, plus que jamais doit continuer avec des artistes de la trempes de 'Fish' de jouer ce rôle qu'il a toujours tenu depuis sa naissance dans les années 60... | |