Artiste : Haken

Album : Fauna

Date de Sortie : 03-03-2023

Ajouté le : 25-03-2023






L'O.V.N.I. du paysage musical progressif est de retour avec un nouvel album 'Fauna' : bien sûr, je veux parler des Britaniques de 'Haken' qui poursuivent leur chemin car après 'Virus' en 2020, voici 'Fauna' qui comme son nom l'indique, tourne autour du règne animal et, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il amène autant de créativité et de modernité que son prédécesseur et je n'essayerais même pas une seconde de le lui coller une étiquette de style particulier tellement 'Haken' continue de ratisser large, le seul qualificatif me venant à l'esprit étant tout simplement progressif. Au niveau du line up, chose assez surprenante, c'est le premier claviériste du groupe 'Peter Jones' qui est de retour après 14 ans d'absence (avant même la sortie d'Aquarius' en 2010) en remplacement de 'Diego Tejeida'. Rassurez-vous, cela n'empiète absolument pas sur la cohésion du groupe qui, même, de mon point de vue, s'en trouve renforcée.

D'entrée, 'Taurus' nous interpelle par son introduction bestiale (forcément compte tenu du thème !) et nous envoie un premier titre bien en phase avec une des grandes forces du groupes (tous cela dans la première minute du morceau) : cette capacité de nous transporter dans des montagnes russes d'intensité en accumulant un très grosse tension qui éclate ensuite dans une détente bienfaitrice. Suit 'Nightingale' qui étend la palette créatrice du groupe vers des horizons presque jazzy avec cette rencontre improbable entre de gros riffs de guitares et un chant a capella (à 1,40), l'ensemble ne pouvant bien entendu s'apprivoiser qu'après plusieurs écoutes comme cela a été mon cas : un des titres majeurs de l'album. Tiens, avec 'The Alphabet of Me' (voir la vidéo ci-dessus), on écoute maintenant un album d'électro contemporain avec cette introduction qui a le petit plus d'être illuminée par le remarquable chant de 'Ross Jennings' qui est un caméléon avec son instrument, s'adaptant parfaitement aux différentes directions stylistiques empruntées par le groupe. Le contraste est magnifique et saisissant comme à chaque fois à 1.40 lorsque les riffs de guitare prennent d'assaut le titre : encore du pure 'Haken' créatif ! Avec ce qui vient de nous passer entre les oreilles, on devient tellement exigeant que l'introduction de 'Sempiternal Beings' me parait fade mais, pas très longtemps car 'Ross Jennings' nous embarque une fois de plus dans un délire sonore qui nous fait passer du chaud au froid en un éclair, le refrain amenant une mélodie qui vous chatouille délicatement les neurones et ça, je ne l'avais pas encore évoqué, il y a toujours chez les Anglais cette capacité à garder, malgré toute cette complexité, une approche mélodique amenant une accroche immédiate ce qui permet d'y revenir et d'approfondir un titre que l'on trouverait juste bon à la première écoute et d'y découvrir ensuite toute la richesse intrinsèque qui le transforme en un titre exceptionnel. La suite n'est pas en reste et 'Beneath The White Rainbow' déboule avec un socle au son lourd et avec encore son lot de surprises, balayant à 180 degrés des nombreuses ambiances faisant la part belle à des sections instrumentales fournies et complexes et, au risque de me répéter, à un chant toujours aussi merveilleux de 'Ross Jennings' puis, 'Island In The Clouds' montre un visage moins contrasté tout en gardant une belle accroche mélodique. Suit 'Lovebite' qui nous ramène dans les eighties de manière beaucoup plus conventionnelle et contraste avec le reste mais permet un aparté mélodique accessible dès ma première écoute, et ça fait une pause bienvenue avant d'attaquer 'Elephants Never Forget', la pièce maitresse de l'album avec un nouveau labyrinthe progressif dans lequel il fait bon se perdre au détour des multiples changements d'ambiances, la section rythmique étant particulièrement inovante tout au long du titre. Et pour clore ce magnifique album, 'Eyes Of Ebony' nous offre une dernière composition plus modérée et plus accessible avec une guitare aux riffs rapides et saccadés qui mène la danse et qui amène une sensation de légèreté et dégage une énergie positive, les arrangements vocaux rajoutant à cet enthousiasme ambiant.

En résumé, les Britanique de 'Haken' surprennent encore en nous proposant ce savoir-faire si original et unique de combiner des compositions accessibles par le côté mélodique tout en gardant des constructions progressives qui demandent de s'y attarder pour en tirer toute la richesse, et 'Fauna' vient se rajouter à leur discographie en amenant toujours de la nouveauté, et ça, ce n'est pas donné à tous les artistes de se renouveler à chaque sortie d'album : ça doit s'appeler tout simplement le talent...

Interprêtes

Charlie Griffiths (Guitare), Ross Jennings (Chant), Richard Henshall (Guitare), Peter Jones (Claviers), Conner Green (Basse), Ray Hearne (Batterie)