Artiste : Curtain Falls

Album : Lost Innocence & Traffic Signs

Date de Sortie : 17-12-2021

Ajouté le : 17-01-2022

'Curtain Falls' est une formation Espagnole qui a déjà un album à son actif datant de 2015 ('Cuentos que entierran') et qui vient de sortir un deuxième enregistrement studio 'Lost Innocence & Traffic Signs'. Je découvre avec ce dernier opus ce nouveau projet du multi-instrumentaliste 'Daniel Villanueva' qui est également le compositeur du groupe et, grâce à la revue de presse envoyée par Daniel, je me suis aperçu que j'avais fait une chronique en 2016 sur son ancienne formation 'Absentia' avec le très bel album 'Black & White'. A la première écoute de ce nouveau bébé de l'Espagnol, on est submergé par un patchwork d'ambiances différentes qui rendent l'ensemble particulièrement varié et qui font référence à diverses styles de progressif qui vont du rock au métal en passant par la pop, le jazz, le classique et le hard-rock, tout cela étant saupoudré d'influences multi culturelles ce qui en fait une sorte de musique du monde, terme que j'avais employé pour définir les dernières sorties de 'Steve Hackett'. Le line up de base est constitué en plus de Daniel, par la soprano 'Erika Mayo', par les guitaristes 'Carlos Rivero' et 'Miguel Arcos' et par le bassiste 'Carlos de la Osa'. Mais ce sont également 10 autres artistes qui ont été invités et qui amènent tous leur propre pierre à l'édifice permettant de densifier et de diversifier les sections vocales et instrumentales. En ce qui concerne le thème, je laisse 'Daniel Villanueva' nous en parler : " Lost innocence & traffic signs parle du jugement inefficace entre tout ce que la société attend de nous et nos propres rêves. Parfois, nous suivons une route qui n'était pas celle que nous voulions prendre. Maintenant que nous nous en rendons compte, des craintes et des doutes apparaissent. Et si nous changions de direction ? Quelle pourrait être la réaction des gens ? Et si j'échouais ? À chaque pas vers notre rêve, nous nous rapprochons de notre enfant intérieur ".

'Lost Innocence' nous accueille dans une ambiance tranquille et douce qui peut rappeler des formations que j'affectionne particulièrement, 'Mostly Autumn' et 'Fleesh', 'Eika Mayo' ayant une magnifique voix qui peut faire penser à celles des chanteuses de groupes précités, 'Olivia Sparnenn-Josh' et 'Gabby Vessoni'. Changement de décor avec un remarquable 'And Traffic Signs' qui démarre de manière beaucoup plus énergique, avec des sonorités de guitare saturés et une prestation vocale beaucoup plus musclée d'autant plus que 'Alex Losa' saupoudre l'ensemble de quelques interventions de growls, mais la deuxième partie du titre est beaucoup plus modérée dans un style atmosphérique plus calme, le final revenant sur le thème du départ. On continue avec 'Chains', qui débute avec des guitares saturées mais qui lentement se transforme en un subtil mélange entre un tango et une rythmique latino et qui nous fait passer par toutes sortes de paysages sonores, puis, après cette longue introduction instrumentale très originale, arrive la partie chantée dans un tempo entraînant avec de belles variations rythmiques et de magnifiques incartades jazzy. Suit la virgule instrumentale 'Lost War' qui sert d'introduction à 'Road to Nowhere' (voir la vidéo ici), plus classique avec une construction couplet/refrain et qui nous embarque dans un titre rock entraînant avec de belles parties instrumentales et qui est encore agrémenté par de belles cassures rythmiques. Avec l'instrumental 'No Thoroughfare', retour à une rythmique latino marquée par de brusques cassures avec des lignes mélodiques accrocheuses, puis, changement de style en milieu de titre avec deux sections instrumentales qui nous font voyager dans des paysages sonores différents et qui forment un très beau moment de détente. Suit 'Weather-vane' (voir vidéo ci-dessus) qui nous ramène aux influences cités ci-dessus avec le premier titre 'Lost Innocence' et c'est encore un régal d'entendre 'Erika Mayo' dans ce style et les solos de guitare et de saxophone 'Floydiens' sont un pur délice, puis, avec 'Knock-Out', on est emmené dans un progressif inventif et original qui en fait pour ma part, un de mes coups de cœurs de l'album : en moins de 6 minutes, on navigue dans un voyage sonore complètement addictif faisant se succéder des paysages assez éloignés et qui finalement forment un merveilleux ensemble, avec mention spéciale, pour cette partie centrale mélangeant voix extrêmes et chant lyrique. Autre temps fort, des influences 'Floydiennes' se font entendre dans l'introduction de 'Better Than God', puis, rupture totale pour un nouveau dédale progressif merveilleux qui nous envoie un mélange de classique et de métal que ne renierait certainement pas 'Christofer Johnsson' de 'Therion', tout ceci étant saupoudré ici et là d'une ambiance de cirque et la deuxième partie, en rupture totale, nous offre une ambiance plus calme mettant en avant de beaux passages instrumentaux. Avec l'instrumental 'The Mountain' qui suit, (voir la vidéo ici) le parallèle avec 'Therion' est toujours présent, grâce à des lignes mélodiques mêlant orient et occident et à de magnifiques arrangements vocaux, puis, 'A Life Behind' qui est une courte narration avec des bruitages de pays exotiques, sert d'introduction à un sensuel 'Sex Addiction' qui nous accompagne avec des lignes mélodiques entêtantes dans un crescendo envoûtant avant de retomber dans quelques notes de piano : magnifique ! Et pour terminer en beauté ce très bel album, 'But the Inner Child' déploie un lent tempo sur une mélodie prenante avec, tout d'abord, une remarquable dernière prestation vocale d'Erika Mayo' et, ensuite, avec une longue partie instrumentale alternant d'admirables solos de claviers et de guitare.

En résumé, la fin d'année 2021 nous a amené une nouvelle pépite progressive que j'aurais pu rajouter à la liste déjà longue de mes coups de cœur 2021 d'albums de progressif car 'Daniel Villanueva', entouré par des artistes de talent, nous offre un album riche et dense qui est d'une originalité et d'une créativité débordante et qui devrait, sans aucun doute, faire des heureux chez les fans d'un progressif fait de diversité et de mélange des cultures comme sait si bien le faire aussi 'Steve Hackett'...

Interprêtes

Daniel Villanueva (Batterie, Guitare, Percussions, Claps, Voix), Erika Mayo (Chant), Carlos de la Osa (Basse), Miguel Arcos (Guitare), Carlos Rivero (Guitare) + Invités : Alex Losa (Chant), Clara Arrebola (Chant), Luigi Toribio (Chant, Claviers, Basse, Guitare), Yeyo Fernández (Guitare), Álvaro Quílez (Guitare), Clara Castrillo (Violon), Antonio Márquez (Saxophone), Javier Ángel Morillo (Güiro), Alberto Sánchez (Claps)