Artiste : Steve Hackett

Album : Surrender of Silence

Date de Sortie : 10-09-2021

Ajouté le : 10-10-2021

Dans un autre style que ma dernière chronique consacrée au dernier enregistrement studio 'Senjutsu' des Anglais d'Iron Maiden', l'album suivant de ma longue liste des dernières sorties à écouter est 'Surrender of Silence' de 'Steve Hackett' et il y de fortes chances que ces deux albums figurent dans mon top 5 de l'année 2021. Après un aparté acoustique guitaristique avec le très bon 'Under A Mediterranean Sky', l'ancien membre de 'Genesis' sort un nouvel album solo, enfin, si on peut dire, car on retrouve la majorité des artistes de talent que Steve avait invité dans 'At The Edge Of Light' qui avait été pour moi l'album de l'année 2019. J'avais parlé à l'époque de 'Musique du monde' et ce sentiment est toujours autant présent dans 'Surrender of Silence' qui nous embarque dans un tour du monde merveilleux provoquant de nombreux moments d'émotions intenses et qui nous transporte dans des univers musicaux d'une variété immense, chaque morceau ayant sa propre personnalité.

La courte introduction instrumentale est une invitation à rentrer dans cette cathédrale sonore avec ce mélange entre des basses profondes d'un orgue classique et une rivière de notes de guitare électrique qui laisse sa place à des tambours impressionnants accompagnés par la guitare de Steve qui nous donne déjà des frissons, puis, 'Natalia' ouvre le bal dans l'ambiance du 'Romeo et Juliette' de 'Serge Prokofiev' et cette fresque symphonique emprunte ensuite à différents maitres classiques avec des arrangements qui procurent de merveilleux instants comme ces chœurs majestueux qui ponctuent sans trop en rajouter l'ensemble du titre : on est déjà au septième ciel et l'instrumental 'Relaxation Music for Sharks' en remet une couche dans une sorte de clair-obscur qui nous fait passer du calme des grands fonds marins à la férocité de ce milieu pour retomber sur la fin, les cordes et la batterie accompagnées par la guitare de Steve marquant ce titre d'une intensité sonore saisissante. Avec 'Wingbeats', on part en direction de l'Afrique et il y a une très belle opposition entre des arrangements vocaux magnifiques plus conventionnels et la section rythmique syncopée Africaine. Changement de décor avec 'The Devil's Cathedral' qui nous accueille dans un mélange contemporain entre des orgues grandioses proches de 'Charles Wigor' et des sonorités proches de 'Stravinsky' et qui au bout d'une minute trente amène une section chantée beaucoup plus posée avec une mélodie accrocheuse et qui poursuit avec une partie instrumentale débordante d'imagination donnant une sensation d'urgence, le final revenant comme il avait commencé à cette ambiance d'Eglise avec des orgues majestueux. Beaucoup plus conventionnel tout en gardant un côté moderne, 'Held in the Shadows' déroule une mélodie plus rock avec un lourd tempo et avec une très belle incartade de Steve avec des sonorités orientalisante en milieu de titre, puis, 'Shanghai To Samarkand' pourrait être un résumé du talent de compositeur de 'Steve Hacket' qui a ce talent pour nous embarquer dans des voyages musicaux variés et dépaysants en mélangeant des sonorités traditionnelles avec du progressif plus accessible et des influences de musique orchestrale contemporaine ou classique, ce qui peut en perturber certains mais dont le résultat amène une force émotionnelle extraordinaire pour celui qui, comme moi, aime ce patchwork d'influences source de création et d'innovation. Steve sait également varier les ambiances car 'Fox's Tango' qui suit est plus direct et plus accessible mais tout autant remarquable surtout que Steve nous gratifie d'accompagnements magistraux à la guitare, puis, 'Day of the Dead' est plus recherché avec cette fois des influences progressives nous faisant remonter à la fin des années 60 (certaines sonorités me faisant penser à 'Abbey Road' des 'Beatles' que j'ai toujours considéré comme un album progressif) et avec encore de belles harmonies vocales, la deuxième partie du titre alternant rythmiques pour une très belle section instrumentale. Et pour terminer ce somptueux tour du monde en musique, quoi de mieux qu'une belle ballade avec 'Scorched Earth' sous forme de complainte de notre terre que l'on abime jour après jour encore plus, le court outro 'Esperanza' mettant fin à 'Surrender of Silence' sur quelques notes apaisantes de guitare classique nous ramenant à 'Under A Mediterranean Sky' : la boucle est bouclée.

En résumé, comme vous l'aurez compris, 'Surrender of Silence' est encore un album de musique progressive au sens large qui va marquer l'année 2021 et qui montre ce talent toujours renouvelé de créativité de 'Steve Hacket' continuant, album après album, de nous enchanter en nous faisant nous évader le temps d'un instant et qui, pour ma part, réussit ce pari fou de rendre ce périple intérieur aussi intense que si l'on voyageait réellement pour découvrir d'autres horizons...

Interprêtes

Steve Hackett (Chant, Guitare, Oud, Charango, Sitar, Harmonica), Roger King (Claviers, Programmation, Arrangements orchestraux), Rob Townsend (Saxophone, Clarinette), Jonas Reingold (Basse), Nad Sylvan (Chant), Craig Blundell (Batterie) + Invités : Phil Ehart (Batterie), Nick D'Virgilio (Batterie), Amanda Lehmann (Chant), Durga McBroom (Chant), Lorelei McBroom (Chant), Christine Townsend (Violon, Alto), Malik Mansurov (Tar), Sodirkhon Ubaidulloev (Dutar)