Artiste : Grandval

Album : Eau et Feu

Date de Sortie : 25-02-2022

Ajouté le : 25-02-2022

Les Français de 'Grandval' emmenés par 'Henri Vaugrand' avait sorti le deuxième volet 'Descendu sur Terre' de leur trilogie sur les éléments en pleine pandémie ce qui ne leur a pas permis de le défendre sur scène et, par conséquent, ils en ont profité pour boucler la boucle avec ce nouvel album 'eau | feu', je les cite, " consacré à la nature et aux animaux, à la place du genre humain et à ses folies ". Pour cet album, 'Henri Vaugrand' s'est trouvé un compagnon de route avec 'Olivier Bonneau' qui signe deux titres et on retrouve ce rock progressif à la Française hérité des années 70 avec notamment des textes qui mettent en avant la langue Française et qui peuvent rappeler des artistes comme 'Ange'.

Musicalement, cet opus alterne de longs développements qui nous embarquent dans des sagas progressives avec de longues parties instrumentales et d'autres titres, plus directs, laissant une bonne place au chant. Le court 'Ferimur' nous accueille avec des bruitages accompagnés par un texte murmuré qui se poursuit avec une première mélodie mémorable, puis, 'Les jours innocents', racontant cette fois la période insouciante de la jeunesse (que l'on a bien mis à mal en ces temps troublés), nous enveloppe dans un thème répétitif magnifié par une section rythmique originale accentuant ce côté sans fin et alternant différentes intensités. Avec 'Il neige encore' (voir la vidéo ci-dessus), on est emmené dans la solitude de la vieillesse et, au rythme d'une belle mélodie se terminant par un magnifique solo de guitare, cette composition montre un visage très émouvant avec des mots tellement évocateurs pour tous ceux qui ont des parents âgés, puis, le plus long développement, 'Heinrich (un monde bien étrange)', nous emmène dans un admirable voyage progressif proche de 'Ange' avec des textes tirés au cordeau nous parlant du sort désastreux des exilés climatiques et qui déploie des sections instrumentales originales nous ramenant aux meilleurs formations de progressif des années 70, dont cette partie centrale qui me fait penser à 'Genesis' et qui se poursuit dans une ambiance acoustique épurée guitare/voix magnifique avant de revenir sur un final plus énergique. Suit 'Erables et chênes', légèrement plus court que son prédécesseur mais qui continue dans ce progressif original et, cette fois, dans la partie chantée, ce sont les Français de 'Lazuli' qui me viennent à l'esprit et l'ensemble met en avant une section rythmique entraînante et inventive qui présente de belles variations dans la partie centrale instrumentale aux influences jazz/rock. Quant à 'Aqua et igni' (littéralement, Interdire à quelqu'un l'eau et le feu et utilisé pour décrire les exilés), les Français s'attaquent aux thème douloureux des migrants qui rend ce titre particulièrement émouvant et, musicalement, ils nous offrent une mélodie accrocheuse dans une ambiance sombre amenée par des sonorités inquiétantes de claviers et, après un court crescendo, le final retombe dans une section plus épurée magnifique pour se terminer sur une sorte de cri instrumentale. Et pour conclure ce très bel album, 'Fin de partie' nous embarque pour une dernière composition qui alterne des couplets dans un lent tempo et un refrain rempli d'énergie dans une atmosphère d'urgence et qui possède une partie instrumentale en fin de titre me rappelant les quelques mesures obsédantes d'un 'Cimetière des Arlequins' d'Ange' mais en beaucoup plus mesuré.

En résumé, les Français de 'Grandval' referme leur trilogie avec un excellent 'eau | feu' qui montre tout le talent de cette formation qui continue de nous offrir des ambiances recherchées et imaginatives qui se bonifient au fil des écoutes et qui sont héritées de plusieurs décennies de musique progressive à la Française...

Interprêtes

Olivier Bonneau (Claviers, Guitare, Pédale Basse, Chœurs), Henri Vaugrand (Chant, Basse, Guitare, Claviers, Chœurs) + Invités : Jean-Baptiste Itier (Batterie), Jean Pierre Louveton (Guitare, Chœurs), Élodie Saugues (Chœurs)