Si vous lisez les chroniques de myprogmusic, vous savez que j'adore les grands écarts musicaux, comme, passer du chanteur de hard rock 'Joe Lynn Turner' il y a deux jours, au rock progressif calme et raffiné de 'Flamborough Head' hier. Mais là, avec 'Devin Townsend', les grands écarts sont quelque chose de naturel dans sa production et, à chaque sortie, on ne sait pas trop ce qui va nous tomber sur la tête. Les deux dernière offrandes de 2021 sorties en même temps 'Snuggles' et 'The Puzzle' étaient, le moins que l'on puisse dire, difficiles d'accès et, l'album précédent, 'Empath', m'avait légèrement dérouté à l'époque par sa diversité étonnante embrassant des styles très éloignés les uns des autres mais qui imageait bien le compositeur toujours à la recherche de nouvelles créations musicales. Eh Bien, pour 'Lightwork', c'est encore une surprise totale, puisque 'Devin Townsend' prend le contre-pied de ses précédentes productions pour nous offrir un album plus conventionnel et d'une accessibilité beaucoup plus immédiate.
Tout d'abord, à l'écoute de l'entame de l'album avec 'Moonpeople' (voir la vidéo ci-dessus), on se dit qu'il a complètement métamorphosé sa voix avec un registre presque féminin et ce premier titre dans une ambiance électro/pop offre une première mélodie qui vient directement se greffer dans la tête, puis, 'Lightworker' (voir la vidéo ici) rajoute des lignes mélodiques accrocheuses dans une sorte de ritournelle et dans une ambiance prenante. Suit 'Equinox' qui poursuit dans cette voie en nous faisant remonter à la pop des années 80 de manière légèrement plus musclée, le chant de Devin alternant douceur et rage. Avec 'Call of the Void' (voir la vidéo ici), on reste dans les années 80 avec une ambiance à la 'Alan Parsons Project', puis, 'Heartbreaker' (voir la vidéo ici) est plus énergique avec des riffs de guitare électrique plus appuyés, et montre un visage plus recherché avec, par exemple, l'utilisation de chœurs féminins au milieu d'un section plus tourmentée. Suit 'Dimensions' qui, dans une atmosphère d'urgence, nous délivre une composition proche du métal industriel dans une rythmique soutenue, puis, changement de décor avec 'Celestial Signals' qui nous offre de nouvelles lignes mélodiques accrocheuses et entraînantes soutenues par des arrangements remarquables amenant une amplitude sonore considérable. On poursuit avec un 'Heavy Burden' étonnant qui, sur un tempo bien rythmé, déroule une mélodie extravagante intégrant des chœurs d'enfants et des voix trafiquées, puis, 'Vacation' porte bien son nom et nous embarque pour un voyage au soleil au rythme d'un mélodie popisante chaleureuse. Et c'est avec les 10 minutes de 'Children of God' que l'album se termine avec de remarquables harmonies vocales et une section rythmique incisive, le titre se terminant en décrescendo assez tôt suivi de bruitages de bord de mer. A noter que la version deluxe propose d'autres titres certainement plus recherchés même si 'Hope is in the World' avec ses lignes mélodiques accrocheuses, la ballade 'Sober' et les chansons 'Yogi', 'Boogus' et 'Carry Me Home' sont assez immédiats : on peut citer les musclés 'Starchasm, Pt. 2' et 'Factions' et 'Precious Sardine' avec des arrangements instrumentaux et vocaux qui relèvent plus de l'expérimentation sonore, 'Children of Dog' étant une version plus courte de 'Children of God' du premier CD.
En résumé, bien que l'on n'ait pas l'habitude d'entendre 'Devin Townsend' dans un registre autant accessible, 'Lightwork' est un album très agréable à écouter et, même si certains fans seront forcément déçus, l'Anglais montre qu'accessibilité ne rime pas forcément avec non-qualité car l'ensemble est finalement assez cohérent et permettra peut-être à un certain public de découvrir cet artiste atypique à qui on a collé une étiquette de métal progressif du à ces premiers albums alors que son univers est beaucoup plus vaste... | |