Après le progressif symphonique et d'ambiance de 'Karfagen' et de 'Nova Cascade', je vous emmène au pays des kangourous mais cette fois pour du métal progressif avec les Australiens de 'Caligula's Horse' qui ont sorti leur nouvel album 'Charcoal Grace' fin Janvier 2024, le dernier 'Rise Radiant' datant déjà de 2020. Dans la mouvance des artistes actuels de ce style, je pense notamment à 'Haken', 'Leprous' ou 'Pain Of Salvation', ils continuent de nous distiller du progressif imaginatif et, bien qu'ils soient tagués métal, ils seraient réducteur, comme les groupes cités plus haut, à les limiter à ce style car 'Charcoal Grace' est encore là pour nous le prouver en balayant assez largement différents styles. Forcément, revers de la médaille, ce genre d'album d'une densité extraordinaire demande de nombreuses écoutes pour en tirer toute la richesse.
On rentre dans le vif du sujet avec les 10 minutes de 'The World Breathes With Me' qui vous prend littéralement aux trippes avec un ensemble de tensions et de détentes mettant en avant 'Jim Grey' qui nous offre une magnifique prestation vocale en adaptant parfaitement son chant à cette construction musicale luxuriante, le break en milieu de titre amenant une respiration à l'ensemble pour repartir de plus belle pour préparer le solo de guitare admirable de 'Sam Vallen'. Plus direct tout en gardant une construction rythmique complexe, 'Golem' poursuit dans ce style percutant qui, cette fois, me fait penser à la puissance de feu des Suédois de 'Soen'. La pièce maitresse de l'album est la chanson titre qui déploie ses quatre parties et qui est un sublime labyrinthe progressif de 24 minutes nous faisant passer par toutes sortes d'émotions faites de contrastes saisissants : c'est le genre de composition qui nécessite de s'y attarder pour en tirer toute la richesse et l'on navigue dans une succession de montagnes russes, en passant par exemple d'un chant susurré de 'Jim Gray' à une explosion de puissance avec de fabuleux solos de guitare de 'Sam Vallen'. Après cette épopée de progressif forte en émotion, 'Sails' poursuit notre beau voyage dans une ambiance plus apaisée et sur un lent tempo, tout en gardant une belle force émotionnelle, 'Jim Grey' nous touchant au plus profond de notre être et 'Sam Vallen' enfonçant le clou en fin de titre avec un nouveau solo de guitare magistral. Avec 'The Stormchaser', on retrouve tous ces contrastes bouleversants entre couplet et refrain, le final montant encore le curseur émotionnel avec une mélodie prenante qui me file la chaire de poule à maintes reprises (voir la vidéo ci-dessus). Et pour finir ce magnifique album, les 12 minutes de 'Mute' sont encore un vrai régal : le début est très calme et on se laisse porter par le chant de 'Jim Grey' sur une mélodie prenante, la flûte aérienne ajoutant à ce sentiment de sérénité, puis, on retrouve une brusques montée en puissance qui garde une certaine mélancolie grâce à de belles lignes mélodiques et, à mi-parcours, c'est de nouveau une rupture totale pour une section instrumentale de toute beauté dans laquelle la flûte nous accompagne de nouveau, le final étant d'une rare intensité, au sens propre comme au sens figuré.
En résumé, les Australiens de 'Caligula's Horse' frappent un grand coup en ce début d'année 2024 en nous offrant un album magistral qui demande d'être apprivoisé, écoute après écoute, pour devenir une sorte de graal musical de métal progressif en vous embarquant dans un voyage intense et saisissant d'une intensité émotionnelle extraordinaire... | |