Je ne me suis jamais lancé dans une chronique de 'The Tangent', cette formation qui est une des références en musique progressive, tout style confondu, car, s'attaquer à un de leurs albums, c'est comme gravir l'Everest, tellement il y a de choses à décrire dans leur musique avec des compositions complexes qu'il faut prendre le temps d'écouter et de réécouter à de maintes reprises pour en tirer toute la richesse (dans la grande majorité de longs développements qui peuvent durer plus de 20 minutes ce qui fait que leurs albums, même s'ils sont limités en nombre de titres, frisent généralement les 80 minutes). Après 'Proxy' en 2018 et 'Auto Reconnaissance' en 2020, c'est au rythme d'un enregistrement studio tous les deux ans que nous pouvons nous mettre entre les oreilles un nouvel opus de cette formation composée d'artistes de talent de la scène progressive avec 'Andy Tillison' ('Karmakanic'), 'Jonas Reingold' ('The Flower Kings' et bien d'autres projets – voir recherche de son nom dans myprogmusic ici), 'Luke Machin' (ex 'Karnataka' et invité dans le dernier projet de 'Ian Jones' 'ILLUMINAE', 'Steve Roberts' et 'Theo Travis' ('Steven Wilson', 'Moonparticle'). 'Songs From The Hard Shoulder' est donc le 12ème album de 'The Tangent' et il ne déroge pas à la règle car sur les 5 compositions, 3 dépassent les 17 minutes pour 75 minutes d'écoute.
Pour ne pas faire une trop longue chronique en détaillant chaque titre, j'axerai celle-ci sur la diversité des paysages musicaux émaillant ces différentes compositions : mis à part le court et énergique 'Wasted Soul' qui est assez direct et qui déroule une mélodie légère et popisante mettant en avant le saxophone de 'Theo Travis', on est plongé dans un patchwork d'ambiances en commençant par du rock progressif nous renvoyant au meilleur des années 70/80 et on peut entendre ici et là des influences de 'Genesis', 'Pink-Floyd' ou encore 'Yes' et j'en passe certainement pas mal d'autres. Au milieu de toutes ces influences, une des particularités de 'The Tangent' est d'y mêler d'autres styles, cette fois venant du jazz pour en faire quelque chose de complètement à part, avec par exemple ces apartés d'Andy Tillison' qui nous emporte dans son univers original comme cette section aux claviers dans 'The Changes', un peu avant la 10ème minute, et qui allie une rythmique légère avec des sonorités des premiers 'Pink Floyd'. C'est d'ailleurs le style prédominant dans le deuxième titre, 'The GPS Vulture', entièrement instrumental qui est certainement plus complexe et qui nous embarque dans un labyrinthe sonore plus jazzy. Et, on ne peut pas non plus passer à côté de cet assemblage fantastique de différentes ambiances que l'on retrouve dans les 20 minutes de 'The Lady Tied To The Lamp Post' et dans lequel chaque artiste amène sa propre pierre à cet édifice sonore qui est axé sur du progressif toujours très recherché mais plus profond, tantôt mélancolique, tantôt plus tourmenté et qui amène d'admirables alternances de tensions et de détentes. Et pour terminer ce très bel album, 'The Tangent' nous offre un medley qu'ils empruntent en partie à l'album éponyme de la formation 'U.K. datant de 1978, et qui montre encore tout le talent de ces artistes qui ne forme qu'un dans ce titre maitrisé de mains de maitres de la première à la dernière seconde.
En résumé, 'The Tangent' sortent encore un album dense et riche qui demande que l'on s'y attarde pour en tirer toute la substantifique moëlle ce qui destine 'Songs From The Hard Shoulder' à un public averti appréciant un progressif mélangeant différents styles qui nous ramènent aux années 70 et qui aime découvrir, petit à petit, chaque recoin de longs développements complexes et inventifs... | |