Les fans historiques de 'Dream Theater' attendaient avec impatience le retour au bercail de 'Mike Portnoy' qui était un des cofondateurs de cette formation incontournable de métal progressif. Ce retour avait toujours été sous-entendu car, 'Mike Mangini' avait déclaré qu'il s'y attendait un jour ou l'autre et qu'il comprenait très bien cette décision. Je ne m'étendrai pas sur ce retour car j'estime que les deux Mike ont assez prouvé qu'ils étaient tous les deux dans le peloton de tête des batteurs mondiaux. Alors, après 'A View From The Top Of The World' datant de 2021, qu'en est-il de ce dernier bébé des Américains avec ce retour qui a fait du bruit dans le monde du métal ? Nous partons au pays des songes, mais pas du côté des rêves agréables, car il s'agit plutôt des troubles que le sommeil peut provoquer comme les cauchemars, les paralysies du sommeil, le somnambulisme ou encore les terreurs nocturnes. Musicalement, après une première écoute, 'Parasomnia' me donne l'impression d'être une sorte de résumé de l'ensemble de la carrière des Américains car il fusionne du métal progressif recherché et complexe avec des parties beaucoup plus accessibles, le côté mélodique étant certainement plus marqué à l'intérieur même de chaque composition. Ce qui est certain, c'est que ça reste un album immensément riche et qu'il nécessite, comme tout bon album de ce style, de se l'approprier, petit à petit, après de nombreuses écoutes.
D'entrée, nous sommes bien dans un album de progressif avec l'instrumental 'In the Arms of Morpheus' qui entame cet album sur quelques bruitages en nous faisant entrer tout doucement dans les bras de morphée, la muse du sommeil, et qui prend de l'ampleur pour une partie bien rythmée et musclée avec des riffs bien tranchants de 'John Petrucci', la section rythmique étant à la fête. La dernière minute nous offre une première mélodie qui vous rentre immédiatement dans la tête et qui préfigure cet assemblage made in 'Dream Theater' qui sera présent sur l'ensemble des titres. Premier gros pavé, 'Night Terror' débute dans une ambiance inquiétante, le son de cette section instrumental étant particulièrement massif, puis, le titre déroule du très bon 'Dream Theater' avec ces nombreux changements rythmiques remarquables débouchant sur un refrain fédérateur (voir la vidéo ci-dessus). Pas la peine de vous dire que 'Mike Portnoy', sur ce genre de titre, nous fait une prestation de haut vol avec sa frappe chirurgicale bourrées de breaks et de contre temps toujours très saisissants. Même constat avec 'A Broken Man' qui montre le meilleur des Américains dans du métal progressif énergique offrant différents visages et dont le refrain adoucit l'ensemble avec une mélodie mémorable, le final étant particulièrement épique (voir la vidéo ici). On peut souligner le magnifique solo de guitare dans la deuxième partie de 'John Petrucci' qui, pendant un instant, nous offre quelques mesures jazzy.
Autre pavé imposant avec 11 minutes au compteur, 'Dead Asleep' nous embarque dans un long développement, reprenant tout d'abord de façon épurée la mélodie de son prédécesseur, et qui voit tous les membres du groupe amener leur pièce à l'édifice pour en faire un must de métal progressif en nous faisant pénétrer dans un labyrinthe musical qu'il faut écouter plusieurs fois pour en parcourir tous les coins et les recoins. Je rajouterai que la courte section finale épurée avec quelques notes de piano, après un break de plusieurs secondes, est magnifique après toute cette tension accumulée. La deuxième partie de l'album débute avec 'Midnight Messiah' que je trouve plus linéaire, tout en gardant cette patte 'Dream Theater' avec ces envolées instrumentales remarquables (voir la vidéo ici). Après le magnifique intermède instrumental dans lequel 'Jordan Rudess' nous emmène dans une église sur un orgue dont on à l'impression d'entendre la mécanique des touches, 'Bend the Clock' est la ballade de l'album, et quelle ballade, nous offrant une mélodie poignante sur laquelle 'James Labrie' fait une magnifique prestation vocale, suivie par un solo 'Floydien' non moins magnifique de sieur 'John Petrucci'. Le seul regret que j'aurai, est ce fondu final qui aurait pu être remplacé par une vraie fin. Et pour terminer, 'The Shadow Man Incident', qui vaut à lui seul l'achat de cet album, nous emmène dans du progressif complexe, riche et imaginatif, qu'il faut prendre le temps d'apprivoiser, avec de multiples changements de paysages musicaux et des parties instrumentales denses sur lesquelles on se laisse porter jusqu'au final épique à souhait qui m'a provoqué quelques frissons de plaisir pour sortir définitivement de ce rêve éveillé avec un "wake up" murmuré suivi d'une sonnerie de réveil.
En résumé, les Américains de 'Dream Theater' continuent leur route avec cette marque de fabrique mettant en avant cette fusion entre métal progressif complexe et parties beaucoup plus accessibles, ce don pour nous offrir des mélodies mémorables ressortant encore plus que dans les derniers opus, et, même si certains diront que 'Dream Theater' continue de faire du 'Dream Theater' (ce qui, pour ma part, est bien ce que j'attend d'eux), ils restent avec ce dernier bébé une des formations de métal progressif les plus talentueuses de métal progressif de ces 20 dernières années, ce 'Parasomnia' en étant encore la preuve car les formations de ce style capables de sortir ce genre d'album sont à compter sur les doigts d'une main... | |