Décidément, après le retour aux années 70 d'Arjen Lucassen' avec son hommage au début du hard rock, c'est au tour du chanteur et multi-instrumentaliste 'Lars Fredrik Frøislie' de sortir un album, cette fois dans un style progressif qui nous ramène aux mêmes années. Lars fait partie du groupe Norvégien 'Wobbler' dont le dernier album 'Dwellers of the Deep' date de 2020. Amatrices et amateurs de grands développements progressifs, vous allez être comblés car ce premier album solo du Norvégien ne contient que quatre compositions, deux entre 6 et 7 minutes et deux fresques de plus de 16 minutes chacune. Il faut souligner que l'on retrouve autant les sonorités d'il y a 50 ans que les techniques utilisées de cette époque qui ont été depuis bien balayées par l'arrivée de l'ordinateur, car l'ensemble a été capté en une seule prise avec tous les conséquences que cela comporte : maintenant, comme tout parait parfaitement lissé par le retraitement informatique, on dirait à tord que ce sont des erreurs d'enregistrement; je parlerai tout simplement de spontanéité permettant de laisser place à l'improvisation.
Ces quatre compositions, toutes chantées en Norvégien, racontent chacune une histoire : la première fresque de près de 17 minutes, 'Rytter av dommedag', a pour thème 'Ragnarok', qui dans la mythologie nordique raconte la fin du monde qui verra l'extinction totale et des Dieux et des Hommes provoquée par des désatres naturels. Musicalement, on est emmené dans un magnifique labyrinthe progressif dans lequel il fait bon se perdre pour se laisser aller au gré des différentes ambiances déployées, puis lorsque vous avez enfin trouvé la sortie (quel final épique remarquable !), d'y revenir pour découvrir d'autres coins non explorés précédemment car ce genre de titre mérite de s'y attarder pour en tirer toute la richesse. Dans ce titre, je retrouve des similitudes mélodiques avec 'Renaissance' que j'avais découvert assez tard au début des années 80 et qui a toujours été une des mes références en progressif. Suit 'Et sted under himmelhvelvet' qui nous fait voyager dans une succession d'ambiances différentes avec une douce introduction bercé par la flûte, puis le passage central instrumental prend petit à petit de l'ampleur et accélère le rythme pour retomber 1 minutes 30 plus tard dans une atmosphère très épuré avec quelques nappes de claviers accompagnées de nouveau par la flûte pour revenir au thème de départ dans le final : encore un très beau titre ! Toujours dans une ambiance assez calme, 'Jærtegn' ravive encore chez moi ces longues écoutes de 'Renaissance' avec ces sonorités d'orgue Hammond et de clavecin et m'embarque dans un très beau voyage apaisant et relaxant. 'Naturens katedral' est l'autre pièce maitresse et nous emmène cette fois dans les montagnes Norvégiennes en hiver où le froid est glacial, et où les blizzards et les avalanches abondent. Elle est encore source de multiples rebondissements qu'il faut apprivoiser écoute après écoute et montre un parfait équilibre entre classicisme et modernisme, les pérégrinations des claviers amenant une touche contemporaine et les vagues successives alternant différentes intensités et rythmiques offrant à chaque instant une originalité et une variété qui accroche l'auditeur de progressif tout au long du titre.
En résumé, si vous aimez le début du rock progressif avec des formations comme 'Renaissance' pour le côté mélodique et 'Emerson, Lake & Palmer' pour l'utilisation des claviers vintages, vous devriez sans aucun doute adopter ce premier album solo du Norvégien 'Lars Fredrik Frøislie' car 'Fire Fortellinger' serait certainement maintenant un album culte de progressif s'il avait été sorti dans les années 70 comme les premiers 'Genesis' ou les premiers 'Yes'... | |