Comme je l'avais évoqué lors de ma dernière chronique de 'Drifting Sun' avec l'album 'Forsaken Innocence' en 2021 avec ses différents changements de line up, 'Pat Sanders' a encore sorti son carnet d'adresses de la crème du progressif et fait appel à de nouveau artistes : c'est désormais l'ex membre de 'Pendragon', 'Fudge Smith' qui prend la place de batteur et c'est le guitariste 'Ralph Cardall' qui désormais est intronisé en remplacement de 'Mathieu Speater' qui a fait un bon bout de chemin avec 'Pat Senders'. Mais, à chaque fois, les différents changements n'altèrent en aucun cas la qualité des albums de 'Drifting Sun' et 'Veil' est encore un modèle du genre avec tous les ingrédients de ce que toute amatrice ou tout amateur de rock progressif désire trouver dans ce style.
Tout d'abord, bien que cet album n'affiche que 47 minutes au compteur, nous retrouvons un équilibre parfait entre des longs développements et d'autres compositions plus courtes, sans oublier les petits instrumentaux, l'un pour introduire l'opus et l'autre en milieu d'album. Nous sommes accueillis, non sans nostalgie, par une mélodie mélancolique avec ce son caractéristique d'un microsillon rayé qui, pour les plus de 50 ans, nous ramènent à nos disques écoutés maintes fois dans le passé, puis, 'Frailty' déroule le plus long titre de l'album qui nous embarque dans un labyrinthe progressif recherché et inventif dans lequel les sections instrumentales mettent en avant tous les artistes et dont les parties chantées (magnifiquement d'ailleurs par 'John Kosmidis', alia 'Jargon') sont un pur moment de bonheur, sans oublier ce final remarquable avec des chœurs majestueux qui remplissent tout l'espace sonore. Suit 'Eros et Psyche' qui vient adoucir le propos avec une première partie baignant dans une ambiance épurée qui peut faire penser à certaines ambiances de 'Pendragon', 'Jargon' offrant un magnifique duo avec 'Pat Sanders' au piano, puis, à mi-parcours, les autres artistes viennent les rejoindre pour une section plus enlevée poursuivant dans le même thème mélodique. Avec 'The Thing', l'atmosphère évoquant un rassemblement Viking est plus grave même si la guitare acoustique adoucit l'ensemble et les très beaux chœurs masculins prennent une place importante en ajoutant une rudesse encore plus importante. En opposition, la petite virgule pianistique '2-Minute Waltz' amène une belle légèreté montrant tout le talent de 'Pat Sanders' au piano, puis, c'est encore une changement de décor qui nous attend avec 'Through the Veil' qui est plus direct avec une mélodie enlevée toujours très bien chantée par 'Jargon' accompagné de chœurs et qui met en avant quelques arabesques instrumentales au relent orientalisant, sans oublier l'admirable section rythmique constituée de 'Jon Jowitt' et de 'Fudge Smith' qui mène la danse de façon admirable (voir la vidéo ci-dessus). C'est encore un changement d'ambiance avec 'The Old Man' dont le thème poignant décrit la mort éminente d'un vieil homme meurtri par une vie dans laquelle il n'a certainement pas pu réaliser tout ce qu'il désirait : musicalement, il débute de manière épurée avec de doux claviers accompagnant un 'Jargon' très émouvant, puis, avec l'arrivée des autres instruments, continue dans ce mid-tempo poignant pour poursuivre ensuite sur une deuxième partie plus énergique et entièrement instrumentale dans laquelle 'Ralph Cardall' à la guitare et 'Pat Sanders' nous offrent de remarquables solos en se renvoyant la balle (voir la vidéo ici). Pour terminer ce très bel album, 'Cirkus' vient nous chatouiller les tympans avec des sonorités stridentes de claviers et une section rythmique saccadée qui est plus difficile à apprivoiser mais qui, au final, en fait un des titres les plus originaux de l'album, 'Jargon' faisant une dernière prestation vocale de haute volée pour nous décrire le " cirque de la vie ".
En résumé, une fois de plus, 'Pat Senders, entouré d'artistes de talent, frappe encore un grand coup avec 'Veil' qui est un modèle d'album de progressif imaginatif avec une remarquable variété d'ambiances et une accessibilité assez immédiate grâce à des lignes mélodiques toujours très accrocheuses, sans oublier cette alternance toujours bien dosée entre les parties chantées (magnifiquement bien par 'Jargon') et des sections instrumentales toujours d'une grande richesse... | |