Dans le monde du progressif, quel que soit le style, il y a les formations qui se sont faits une réputation mondiale et celles qui n'ont pas cette visibilité médiatique mais qui mériteraient amplement d'être beaucoup plus connues. Je place les Australiens de 'Southern Empire' dans cette deuxième catégorie car, après les magnifiques 'Southern Empire' en 2016 et 'Civilisation' en 2018, c'est au tour de 'Another World' de voir le jour. Dans mes deux précédentes chroniques, je mettais l'accent sur leurs longs développements et la variété des styles proposés, ceci expliquant certainement une accessibilité pas forcément immédiate et qui limite souvent ce genre d'artistes à des audiophiles avertis qui ont gardé une importante ouverture d'esprit musical malgré tout le matraquage médiatique à longueur de journée pour du "prêt à écouter et à consommer sur place". Avec 'Southern Empire', nous ne sommes plus cette l'immédiateté car il faut prendre son temps pour s'approprier petit à petit chaque coin et recoin ce qui demande de nombreuses écoutes et de réécoutes.
Je me suis posé la question de faire du titre à titre mais, compte tenu de la richesse et de la densité de cet album (3 longues compositions de plus de 10, 12 et 19 minutes tout de même) et de plusieurs chroniques très interessantes sur le web (celle de 'Progradar', celle de 'TPA' ou ecnore celle de 'Métal Integral'), je préfère axer cette chronique sur deux points qui me parraissent être un bon résumé de cet album et plus généralement des productions de 'Southern Empire'. Tout d'abord, j'ai parlé au début de cette chronique des formations incontournables de progressif mais, finalement, c'est bien ce qu'on retrouve sur 'Another World' car, tout au long de notre voyage musical et en fonction du parcours progressif de chacun, on reconnait ici et là, 'Yes' (les harmonies vocales sur 'Reaching Out'), 'Kansas' (la partie douce à 3.45 de 'Face The Dawn'), les périgrinations jazzy de 'The Flower Kings (toujours dans 'Face The Dawn'), 'Foreigner' (dans le magnifique 'Hold On To Me'), 'Genesis' (dans les parties calmes de 'Moving Through Tomorrow') ou encore une succession d'autres artistes dans la fresque musicale 'White Shadow' avec 'Emerson Lake & Palmer', 'Dream Theater', 'Kansas', 'Yes' ou encore 'Alan Parsons Project'. Mais il serait très réducteur de limiter 'Southern Empire' à une suite de comparaisons de ce type car, l'ensemble est bien entendu intégré dans un ensemble très homogène " made in 'Southern Empire' " qui en fait une œuvre unique, des comparaisons n'étant là que pour montrer l'étendu des styles des Australiens. Le deuxième point que je voudrais souligner, c'est qu'au regard de cette densité et de cette richesse qui pourraient en rebuter certains, l'ensemble reste relativement accessible grâce à des lignes mélodiques toujours accrocheuses et si vous voulez vous en persuader sans vous plonger dans un des titres fleuves, écouter le magnifique 'Hold On To Me' avec son refrain qui vient se greffer immédiatement dans la tête. Pour découvrir en vidéo l'album, deux titres peuvent être visualisés sur youtube avec 'Reaching Out' et 'Hold On To Me'.
En résumé, après 5 longues années d'absence, les Australiens de 'Southern Empire' nous gratifient d'un excellent album qui contient tous les ingrédients pour faire des heureux chez toutes les amatrices et chez tous les amateurs de rock progressif et qui pour ma part va rejoindre la liste déjà longue des albums de la discothèque idéale de progressif à travers les âges... | |