Lorsque l'on demande ce qu'est la musique progressive, une majorité des amatrices et des amateurs de ce style vous répondront qu'une de ses caractéristiques est d'offrir des longs développements dépassant généralement les dix minutes. Avec ce dernier album de 'Neal Morse', si vous êtes dans ce cas, vous allez être gâté car les trois compositions centrales de l'album, qui dépassent tout de même les cinq minutes, sont, en quelques sorte, une sorte de ballade digestive entre les deux épopées que sont 'Eternity In Your Eyes' (près de 21 minutes) et le titre éponyme de l'album, 'No Hill For A Climber' (près de 29 minutes). Dans ma dernière chronique sur l'album 'The Restoration – Joseph, Pt. Two', j'avais rappelé les sorties rapprochées de 'Neal Morse' dans ses différents projets avec, à chaque fois, une créativité toujours renouvelée. Etant donné qu'il n'a plus rien à prouver dans le monde du progressif, je pense que l'une des grandes forces de l'artiste est d'avoir la liberté de choisir de travailler avec des talents multiples ce qui lui permet un échange toujours fructueux pour arriver à nous surprendre à chaque sortie d'albums. Ce nouveau bébé de l'Américain ne déroge pas à cette règle car, cette fois, grâce à une suggestion de sa femme, ce sont des artistes de sa région qui sont mis en avant. Et comme 'Neal Morse' aime bien rendre à César ce qui est à César, l'album est présenté comme une collaboration avec la formation 'The Resonance' qui est constituée du multi-instrumentaliste et chanteur 'Chris Riley', du guitariste 'Andre Madatian', du chanteur 'Johnny Bisaha' et de 'Philip Martin' à la batterie. D'autres artistes sont venus se greffer à ce nouveau line up pour étoffer les compositions avec notamment des cordes et des cuivres auxquels on peut rajouter des chœurs permettant des arrangements vocaux beaucoup plus fournis et un deuxième batteur, 'Joe Ganzelli', venant remplacer 'Philip Martin' dans certaines compositions, compte tenu des obligations professionnelles de ce dernier.
D'entrée, nous pénétrons dans le premier labyrinthe progressif, constitué de 7 parties, qui demandent forcément que l'on s'y attarde pour en tirer toute la richesse et qui montre différents paysages musicaux, alternant de longs passages instrumentaux (les 3 premières minutes sont un régal avec une section rythmique qui fait un travail d'orfèvre sur le thème principal) et des sections chantées par le duo 'Neal Morse'/'Johnny Bisaha', le long solo central de guitare d'Andre Madatian' étant magnifique et le final avec l'apport de chœurs flamboyants et dans une ambiance majestueuse amenant un côté particulièrement épique à ce titre.
les trois compositions centrales ont toutes leur personnalité : 'Thief' nous emmène dans une ambiance jazzy très agréable en déroulant une mélodie avec des chœurs délicieux et, même s'il ne dure que 5 minutes, le côté progressif est bien présent avec de nombreux changements d'intensité et de rythmique, le crescendo central étant un vrai régal, d'autant plus qu'il amène à ce qu'on pense être la fin du titre qui, en fait, continue ensuite en reprenant le thème de départ pour un nouveau crescendo remarquable. Avec 'All the Rage', on retrouve le style épique que l'on connait dans les différents albums de 'Neal Morse' avec des lignes mélodiques accrocheuses faisant penser à de la comédie musicale avec des chœurs resplendissants, puis, 'Ever Interceding' est la ballade de l'album, magnifique semi-acoustique qui montre également tout le talent de compositeur de l'Américain pour nous offrir de magnifiques moments remplis d'une belle sensibilité, 'Johnny Bisaha' faisant dans ce titre une prestation vocale très touchante.
Après ces trois compositions (très bonne idée de les mettre entre les deux longs développements pour alterner accessibilité immédiate et compositions plus complexes), nous attaquons le plat principal de cet album avec la composition éponyme de l'album qui nous embarque dans une nouvelle saga progressive en 6 tiroirs qui peut en rappeler certaines du 'Neal Morse Band' et qui est le genre de titre qui se mérite, de nombreuses écoutes étant nécessaires pour bien l'apprivoiser. Le thème musical de l'introduction qui débute calmement, genre conte musical, prend vite de l'ampleur et rajoute un côté épique à souhait qui permet aux différents artistes de broder autour jusqu'à la mélodie principale qui, sur un lent tempo, amène ce sentiment de fastueux et qui est suivi de la première partie chantée avec 'Neal Morse' et 'Johnny Bisaha' qui se renvoie la balle de très belle manière. La suite alterne symphonique grandiose et des sections plus tranquilles (magnifique partie acoustique autour du feu à 8:50) avec toujours cette accroche mélodique immédiate séduisante et captivante et on peut noter que la section rythmique fait un travail extraordinaire pour emmener tout ce petit monde à travers ces variations multiples de tempo et d'intensités (remarquable accélération à 14:00 qui est suivi par un solo de guitare fantastique d'Andre Madatian' pour ensuite retomber dans une section tranquille avec des chœurs aériens merveilleux). Le dernier tiers de la composition alterne les différents thèmes mélodiques de la première partie avec toujours cette richesse instrumentale et vocale dans les différentes sections, nous amenant tout doucement vers un premier final grandiose me rappelant, à certains égards, celui de la reprise des 'tableaux d'une exposition' de ' Modeste Moussorgski' par 'Emerson, Lake & Palmer', premier final, car 'Neal Morse' a rajouté une partie cachée du thème principal avec des cordes dans une ambiance symphonique qui clôture ce long développement de manière romantique.
En résumé, pas la peine de vous faire un dessin pour vous dire que, s'il y avait un mètre étalon du progressif des années 2020, 'Neal Morse' en serait certainement un des fers de lance, car, sa production impressionnante lui permet, à chaque sortie, grâce à cette capacité de s'entourer de nouveaux artistes de talent dans tous ses différents projets, de diversifier son répertoire, et 'No Hill For A Climber' en est encore la preuve avec cette nouvelle équipe que l'on découvre avec bonheur...
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