Artiste : Steven Wilson

Album : The Overview

Date de Sortie : 14-03-2025

Ajouté le : 14-04-2025






Ses deux derniers albums ' THE FUTURE BITES' de 2021 et 'The Harmony Codex' de 2023 nous avaient emmenés dans un foisonnement moderne pour ne pas dire contemporain baignant dans des sonorités électroniques et 'Steven Wilson' a ressorti un album il y a environ un mois qui, comme nous en avons désomais l'habitude, fait l'objet de nombreuses chroniques dans la presse musicale spécialisée. Il faut dire que chaque nouvel album du Britannique est propice à de nombreux commentaires tant il y a à dire sur ce qui nous est offert et, cette fois, nous sommes embarqués dans l'espace, 'The Overview' étant relatif à ce que ressentent les astronautes quand ils voient la Terre de l'espace. Alors, est-ce que ce dernier enregistrement studio (comme toujours, d'une qualité sonore exceptionnelle propice à une écoute sur Qobuz au casque !) poursuit cette route de chercheur perpétuel de nouveaux horizons musicaux ? Je répondrais à la fois oui et non. Bien entendu, tout ce que je vais écrire est subjectif et n'engage que mon vécu musical qui est forcément basé sur la multitude d'écoutes différentes depuis les années 70.

Tout d'abord, en voyant la pochette, j'ai déjà eu cette sensation de retrouver la présentation du dos d'un vinyl du début du rock progressif, le côté vintage sans fioriture nous ramenant à cette période. Ensuite le format de deux longs titres pour chaque face d'un disque me rappelle la découverte dans les années 70 des premiers 'Pink Floyd' avec les 'Meddle', 'Atom Heart Mother' et 'Wish You Were Here' dont les titres principaux prenaient toute la place sur une des faces d'un microsillon. De plus, musicalement, même si le Britannique poursuit ses pérégrinations musicales avec des sonorités électro, les sensations déployées dans certaines sections du premier long développement m'ont ramené encore dans les premiers 'Floyds', précisément dans 'The Buddha of the Modern Age' avec ce chant martellé qui dénonce les agissements de l'Hommes, traité d'espèce inférieur, ou dans le crescendo final de 'The Cicerones/Ark' du premier long développement qui m'a rappelé 'Astronomy Domine' qui faisait partie du disque culte 'Ummagumma', disque légendaire qui, à l'époque, ouvrait de nouveaux horizons musicaux avec ce mélange judicieux entre expérimentations sonores et titres plus conventionnels. Pour toutes ces raisons, je dirais donc que 'The Overview' puise une partie des ses influences dans la grande tradition des albums de progressif à travers les âges.

D'autre part, on ne peut pas résumer cet opus à un simple album de progressif nous ramenant aux années 70 car, comme nous y sommes maintenant habitués, il y a toujours cette recherche de nouveaux horizons musicaux et, d'entrée, dans 'Objects Outlive Us' qui est fait de 8 sections bien distinctes les unes des autres, nous sommes pris par ce chant éthéré comme si nous flottions en apesanteur pour accompagner une expédition spatiale, imageant bien le thème de l'album. Nous retrouvons également ce mélange d'ambiances différentes à l'intérieur même des compositions avec par exemple, 'Objects : Meanwhile' qui débute sur une mélodie accrocheuse qui peut rappeler les premiers 'Blackfield' et qui prend une tout autre tournure dans la deuxième partie avec une section beaucoup plus tourmentée. Avec l'instrumental 'Cosmic Sons of Toils', l'atmosphère se veut plus tourmentée et nous embarque dans des sonorités contemporaines s'apparentant à du métal industriel pour retomber finalement dans quelques notes de claviers atmosphériques et, après toute cette tension accumulée, 'No Ghost on the Moor/Heat Death of the Universe' amène une belle opposition, tout en détente, pour un final 'Floydien' de toute beauté, 'Randy Mcstine' posant un solo de guitare magnifique.

Quant au deuxième long développement, 'The Overview', après les critiques acerbes de l'Homme dans 'Objects Outlive Us', nous somme emmenés dans un voyage méditatif avec des sonorités beaucoup plus électroniques (rappelant d'ailleurs ses pérégrinations antérieures de 'The Future Brites'), mettant en avant ce côté cosmique qui nous fait parcourir l'immensité vertigineuse de l'univers et qui débute par l'énumération des galaxies par l'épouse de 'Steven Wilson', 'Rotem Wilson'. Tout au long de ce titre, les ambiances paisaibles 'Blackfieldiennes' réaparraissent avec par exemple le très beau 'A Beautiful Infinity/Borrowed Atoms' qui offre un lent tempo propice à l'évasion puis, 'Infinity Measured in Moments' poursuit ce moment suspendu dans le temps par une autre composition qui débute calmement et qui prend petit à petit de l'ampleur jusqu'au final qui met en avant 'Theo Travis' au saxophone et 'Adam Holzman' aux claviers, sur des paroles fortes qui nous remettent à notre place dans cet univers gigantesque dans lequel nous sommes qu'une infime partie, avec le souhait qu'il garde cette trace indélébile du passage furtif de cette vie sur la terre. Et pour finir notre voyage dans cette immensité spatiale, 'Permanence' conclut l'album dans une ambiance vaporeuse et éthérée à la manière d'un 'Vangelis' avec ses deux albums 'Rosetta' et 'Juno to Jupiter', l'accompagnement de quelques notes de saxophone amenant un final mélancolique propice à la méditation.

En résumé, l'impression générale qui ressort de cet album et que 'Steven Wilson' a mis son talent de compositeur au service du thème, et non l'inverse, pour obtenir, au final, un ensemble homogéne qui fusionne des influences progressives entre classicisme et modernité, et qui, comme tout album de ce type, se bonnifie d'écoute en écoute pour devenir un album incontournable de la discothèque idéale de toute amatrice et de tout amateur de progressif...

Interprêtes

Steven Wilson (Chant, Guitare, Claviers, Percussions), Adam Holzman (Claviers), Nick Beggs (Basse), Craig Blundell (Batterie), Randy Mcstine (Guitare), Theo Travis (Saxophone) + Invitée : Rotem Wilson (Chant)