Tous les fans de progressif doivent connaitre les différents projets de 'John Mitchell' qui a une vie musicale bien remplie. Une recherche dans myprogmusic vous donne un échantillon de l'étendu de son parcours depuis une dizaine d'années (voir ici). Dans cette recherche, je m'aperçois que je n'ai jamais chroniqué d'album de 'Frost*' dans lequel il est également présent et dont le fondateur est le multi-instrumentaliste et chanteur 'Jem Godfrey', leur dernier album 'Day And Age' datant de 2021. C'est donc une première pour moi et je n'ai pas choisi l'enregistrement studio le plus court de ce projet, puisque 'Life In The Wires' qui est sorti en octobre 2024, frise les 90 minutes ! C'est donc un album concept bien copieux qui s'offre à nous et l'histoire nous emmène dans un monde dirigé par l'intelligence artificielle dans lequel 'Noaio' en est le personnage principal. Bien entendu, ce genre d'album ne se livre pas immédiatement et ne s'apprécie que si on prend le temps de l'apprivoiser au fil des écoutes.
Etant donné la densité de cet album et pour ne pas alourdir inutilement cette chronique, je ne ferai pas du titre à titre mais je voudrais simplement mettre en avant les points forts qui m'ont fait aimer 'Life In The Wires'. Si l'on devait définir ce que c'est que le progressif, on pourrait tout à fait prendre en exemple ce double CD : tout d'abord, nous embarquons dans une histoire avec un thème futuriste (pas si futuriste que ça finalement !) dans laquelle nous suivons les pérégrinations de 'Noaio' essayant de retrouver le DJ 'Livewire' qu'il a entendu sur une vieille radio que sa mère lui a donné en cadeau, ce qui n'est pas du goût de 'All Seeing Eye', une intelligence artificielle qui surveille tous les habitants.
D'un point de vue musical, pour bien coller aux différentes parties de l'histoire, les 14 compositions ont toutes leur personnalité ce qui amène une belle diversité à l'ensemble mais qui demande d'être ouvert à différentes ambiances assez éloignées les unes des autres : pour prendre une comparaison, c'est comme si l'on se trouvait sur un bateau sur lequel on est confronté à une succession de périodes très calmes et d'autres beaucoup plus tumultueuses. Dans le premier CD, en atteste la suite des quatre compositions 'Evaporator', 'Strange World', 'Idiot Box' (voir la vidéo ici) et 'Absent Friends', et le deuxième CD débute de façon bien musclée avec le binôme 'School/Propergander' qui image bien la force de contrôle de 'All Seeing Eye' après un 'Absent Friends' qui est une magnifique ballade piano/voix. Cette diversité d'ambiances, on la retrouve également à l'intérieur même de certaines compositions : on peut citer les deux parties de la chanson titre avec forcément la deuxième partie qui offre près de 16 minutes de progressif imaginatif et recherché dans lesquelles il fait bon se perdre dans les dédales de ce long développement.
De plus, une des caractéristiques nécessaires pour être rangé dans le tiroir de la musique progressive, est l'existence de parties instrumentales conséquentes émaillant chaque composition, et dans le cas de cet album, on peut dire que 'Jem Godfrey' a mis le paquet car il a tout mis en œuvre pour nous en offrir de somptueux passages avec de nombreux solos de claviers mais également de guitare mettant en avant 'John Mitchell' : dans 'This House of Winter', celui de 'John Mitchell' est somptueux et on peut également citer ceux des deux parties de 'Life in the Wires' (voir la vidéo de la 1ère partie ci-dessus), de 'School' ou encore de 'Moral and Consequence' (voir la vidéo ici) qui sont certainement ceux qui m'ont procuré le plus de plaisir compte tenu de la construction plus complexe avec ses différents changements rythmiques. Et pour terminer, on ne peut pas passer à côté de la production irréprochable qui met en avant le talent de chaque artiste, car cette formation ne se limite pas seulement à 'Jem Godfrey' et à 'John Mitchell' mais intègre également la section rythmique de 'Nathan King' et de 'Craig Blundell' qui est un modèle du genre en faisant du travail d'orfèvre et en s'adaptant toujours très justement aux différentes ambiances des construction complexes et recherchés de chaque composition.
En résumé, 'Frost*' poursuit sa route avec un album que l'on pourrait qualifier d'étalon de musique progressive avec tous les ingrédients que l'on désire trouver dans ce style de musique, ce qui, revers de la médaille, risque de le limiter forcément à un public averti car 'Life In The Wires' est d'une richesse et d'une densité extraordinaire qui demande que l'on s'y attarde, en l'apprivoisant au fil du temps, écoute après écoute... | |