Autant vous l'avouer, je n'ai jamais été un fan inconditionnel d'Iron Maiden' bien qu'ils aient commencé à sortir des albums dans la période pendant laquelle je découvrais tous les grands groupes de hard-rock et de métal des années 70/80 et les années passant, les albums se sont espacés et ce n'est qu'avec 'The Book Of Souls' en 2015 que j'ai recommencé à m'intéresser à ces pionniers du 'British heavy metal' avec ce magnifique double album qui m'a fait réellement découvrir qu'au-delà de leur étiquette d'heavy métal, 'Iron Maiden' est définitivement pour moi un groupe de progressif. 6 ans ont passé et c'est encore un album dense de 80 minutes que les Anglais nous proposent en 2021 avec 'Senjutsu' qui est un mot Japonais se traduisant par « tactique et stratégie ». Je dois dire que j'ai été agréablement surpris par une première écoute qui m'a mis l'eau à la bouche et qui m'a donné cette irrésistible envie de m'y replonger, sentiment que je retrouve à chaque fois que j'écoute pour la première fois un album riche et dense de progressif et qui se bonifie écoute après écoute.
Et pourtant, pas forcément très progressif, le titre éponyme de l'album nous accueille dans un lourd mid-tempo avec une section rythmique remarquable du presque septuagénaire 'Nicko McBrain' qui donne un sentiment de lente procession tout au long des 8 minutes avec un premier refrain accrocheur qui se greffe directement dans la tête, puis, 'Stratego' qui suit, est également assez direct et montre une belle efficacité mélodique dans un tempo plus rapide. Avec 'The Writing On The Wall', la première minute instrumentale prépare magnifiquement la partie chantée entraînante qui nous balance un nouveau refrain que devrait reprendre en chœurs tout un public et un solo de guitare magistral dans la deuxième partie à nous décrocher la tête à force de headbanguer, puis, 'Lost In A Lost World' amène le premier titre réellement progressif avec différents changements d'ambiance et de rythmique qui, même si on peut regretter certaines redondances, ne m'a pas lassé du tout et pourra constituer un bon titre de concert avec une première partie propice à reprendre en chœurs la phrase mélodique répétée et une longue partie instrumentale centrale que le public devrait scander. Dans le même style que 'Stratego', 'Days Of Future Past' nous offre un titre entraînant qui permet d'alterner longs titres avec des formats plus courts de heavy métal efficace. Mais, pour ma part, le meilleur est à venir avec les 5 dernières compositions qui dépassent toutes 7 minutes et qui amènent cette diversité progressive avec, tout d'abord 'The Time Machine' qui, après une introduction paisible poursuit dans une partie chantée énergique avec une mélodie mémorable et avec un magnifique solo de guitare, alternant différentes rythmiques tout au long du titre et qui se termine dans une belle partie acoustique guitare/chant. Suit la power ballade de l'album 'Darkest Hour', certes classique mais tellement efficace, qui nous ramène aux meilleurs ballades de métal des années 80, puis les 10 minutes de 'Death OF The Celts' accentuent encore le côté progressif avec une composition en plusieurs tiroirs avec une longue et magnifique introduction menée par une basse imposante qui prend petit à petit de l'ampleur et qui amène la partie chantée sous la forme d'une ritournelle dans un lourd mid-tempo, puis, qui nous propose une longue partie instrumentale entraînante dont la mélodie peut faire penser au danses Irlandaises pour retomber dans la dernière minute, terminant de belle manière ce long titre. Avec 'The Parchment', on embarque dans un voyage dépaysant pour une fresque historique épique qui déploie une ambiance grandiose avec un lourd tempo addictif qui met en marche la machine à headbanguer et qui laisse place à de longs passages instrumentaux (magnifiques solos de guitare successifs) et qui possède une longue accélération finale qui finit par retomber dans quelques accords de guitare. Et ce n'est pas fini car 'Hell on Earth' clôture l'album avec un nouveau long développement qui se fait se succéder différentes parties qui alternent différentes intensités et rythmiques ce qui en fait définitivement une des pièces majeures de 'Senjutsu'.
En résumé, ce dernier album d'Iron Maiden' fera sans doute s'affronter deux type de public d'heavy métal, ceux qui aiment les titres directs et efficaces pas trop longs et ceux qui aiment des compositions plus recherchées amenant une bonne dose de progressif car 'Senjutsu' renferme ces deux styles mais, pour ma part, c'est justement cette diversité qui me plait et qui montre que les Anglais, 40 ans après leur début, continuent de nous offrir des albums denses et riches qui resteront dans l'histoire du heavy métal... | |