Je reviens sur un album de rock progressif sorti fin octobre 2021 que je découvre seulement maintenant, et qui concerne les Anglais de 'Drifting Sun' avec un nouvel enregistrement studio 'Forsaken Innocence', après leurs deux très bons derniers opus 'Twilight' datant de 2017 et 'Planet Junkie' datant de 2019. Le line-up a été quelque peu modifié puisqu'à côté de 'Pat Sanders', on retrouve toujours 'Mathieu Spaeter' à la guitare, mais le nouveau bassiste est dorénavant 'John Jowitt' qui n'est pas un inconnu, puisqu'il a participé à des projets de renommée dans le monde du progressif avec par exemple 'Arena' pour le dernier album 'Double Vision', et 'Mick Pointer' ('Arena également) a laissé sa place à la batterie à 'Jimmy Pallagrosi' qui était le batteur de 'Karnataka'. Autre changement majeur, c'est désormais le Grec 'John « Jargon » Kosmidis' qui assure l'ensemble des prestations vocales et qui a sorti un très bel album solo 'The Fading Thought' en 2020. Comme invité, participent le claviériste 'Ben Bell' et le violoniste 'Eric Bouillette' qui étaient déjà de la partie dans 'Planet Junkie', ce dernier contribuant à de nombreux projets de progressif, le dernier en date étant 'This Winter Machine'.
Au menu de cet album, 8 compositions dont 3 dépassent les 10 minutes pour une grosse heure d'écoute : nous sommes de plein pied dans un progressif recherché que l'on s'approprie au fur et à mesure des écoutes, en commençant par le premier long développement 'King of The Country' qui nous embarque dans une saga progressive fait d'un patchwork de petites sections alternant différentes ambiances, tempos et intensités et qui nous offre une merveilleuse entame, aussi bien sur le plan vocal qu'instrumental. Suit 'Insidious', qui contrairement à son prédécesseur qui était plus léger, amène une certaine mélancolie avec son lent tempo qui laisse 'Jargon' montrer tout son talent vocal en suivant les alternances d'intensités en passant d'un registre calme et assez sombre à une voix puissante et plus aigüe, puis, 'Dementium' poursuit dans cette mélancolie qui nous accompagne tout au long de cette composition faite, de nouveau, d'une remarquable alternance entre temps faibles et temps forts. On poursuit notre périple progressif avec la magnifique ballade 'New Dawn' grâce aux belles prestations au piano de 'Pat Senders' et au remarquable chant de 'Jargon' qui sait déclencher ce petit frisson signe d'une émotion intense, tout comme 'Mathieu Spaeter' avec ses courts solos de guitare (trop court à mon goût). On atteint la pièce maitresse de l'album avec les 25 minutes du titre éponyme de l'album qui est divisé en deux parties avec, tout d'abord, les 11 premières minutes dans un progressif mélodique accrocheur dans lequelles les parties vocales et instrumentales se succèdent comme des tiroirs que l'on tire les uns après les autres et qui nous ramènent aux meilleurs du rock progressif des années 70/80. Quant à la deuxième partie, de près de 15 minutes et entièrement instrumentale, elle est plus technique et déploie de multiples changements de tempo et d'intensité ce qui la rend moins accessible et demande de l'écouter plusieurs fois pour en tirer toute la richesse instrumentale, le seul bémol que j'émettrai est la présence de répétitions de phrases musicales un peu trop importante qui auraient pu être réduites. Après cette saga progressive intense et dense, la fin de l'album nous offre la courte ballade acoustique 'Time to Go' dans une ambiance épurée qui traite de la perte d'un être cher, puis, 'Hand on Heart' termine sur une note plus énergique et entraînante avec une accessibilité plus immédiate.
En résumé, les Anglais de 'Drifting Sun' sortent un excellent album de rock progressif, qui contient tous les ingrédients du genre et qui, dans l'ensemble, reste accessible, ce qui devrait plaire à tout un public adepte de longs développements et qui a baigné dans le progressif en écoutant les grandes formations des années 70 et 80... | |