Artiste : Ostura

Album : The Room

Date de Sortie : 23-02-2018

Ajouté le : 10-06-2018

Je ne connaissais pas les Libanais d‘Ostura’ qui avaient déjà sorti un premier enregistrement studio en 2012 et je les découvre donc avec ce 2ème opus ‘The Room’ qui je cite ‘Elia Monsef’ « raconte l'histoire d'une fille recluse qui se réfugie dans une pièce vide. A travers son imagination, la pièce devient un monde de sa création où elle est Dieu. Une fois que les créations prennent forme, vient le conflit entre le créateur et le créé et la lutte interne entre la fille et son esprit brisé ». Pas facile de décrire succinctement ‘The Room’ tellement cet album est dense sur tous les plans. Tout d’abord, s’il fallait donner un style musical pour les situer, je dirais que c’est du métal progressif mais c’est évidemment très réducteur car ils puisent leurs influences bien au-delà car ils mélangent des styles aussi différents que du classique, de la musique de film, du progressif et du symphonique, tout cela étant finement dosé entre sonorités orientales et occidentales. Pour cette raison, il est bien difficile sur l’ensemble de faire référence à un groupe précis car dans chaque titre se succèdent ambiances et rythmiques différentes. Par exemple, rien que dans le seul titre ‘Escape’, je pourrais citer des influences de ‘Stream Of Passion’ (l’introduction), d‘Epica’ (la voix de ‘Youmna’ sur la première partie chantée faisant penser à ‘Simone Simons’), d‘Avantasia’ (la partie centrale épique et le chant d’Elia Moussef’) et d‘Ayreon’ (sur les parties instrumentales et le final très mélodique). Ensuite, les Libanais n’ont pas fait les choses à moitié car ils ont fait appel à un ensemble prestigieux d’invités aussi variés qu‘Arjen Lucassen’ (pas étonnant en sachant que c’est lui qui avait lancé ‘Stream Of Passion’), le très éclectique ‘Thomas Lang’ à la section rythmique, mais aussi pour ajouter des instruments classiques, des violonistes, un violoncelliste, une flûtiste et un oudiste, et pour couronner le tout, l’intervention de l’orchestre de la ville de Prague (souvent mis à contribution par les artistes de métal) et l'ensemble filmographique libanais. A cela, on peut rajouter une production sans faille de ‘Jens Bogren’ qui travaille avec une multitude de groupes (entre autres ‘Orphaned Land’, ‘Angra’ ou ‘Symphony X ‘). On pourrait citer tous les titres tellement chacun amène sa propre histoire mais, pour faire court, je vous parlerai du titre ‘Duality’ de plus de 12 minutes qui est un bon résumé de l’album : une introduction avec des cordes et des percussions qui précède une partie rythmée où la flûte est mise en avant puis après quelques sonorités orientales, une première partie métal mélodique interprétée magistralement par ‘Elia Monsef’ qui alterne puissance et détente avec la voix de ‘Youmna Jreissati’ qui se rajoute dans le refrain, puis une accélération du titre pour une partie instrumentale guitare/claviers où des chœurs viennent se greffer. La suite nous réserve encore de bonnes surprises avec une rupture complète qui nous embarque dans le chant a capella de Youmna d’une émotion palpable qui précède un final débutant calmement à la guitare acoustique qui laisse sa place à magnifique un solo de guitare puis l’ensemble s’emballe dans un final grandiose à grand renfort de chœurs pour finir calmement dans quelques notes de piano : c’est réellement un titre magique qui vous transporte et qui personnellement m’a donné à plusieurs reprises la chair de poule. C’est certain, une telle densité ne peut pas se digérer en une seule fois et ‘The Room’ demande pas mal d’écoutes pour en découvrir tous les coins et recoins et requiert également une certaine ouverture musicale. En résumé, comme vous l’aurez compris, ‘Ostura’ est pour moi un album exceptionnel et sans trop s’avancer, une des sorties majeures de 2018 qui devrait se bonifier comme le bon vin au fil des écoutes (signe généralement d’une grande qualité) et si vous êtes amateur de métal progressif recherché mélangeant différents styles, cet album est fait pour vous...

Interprêtes

Elia Monsef (Chant), Danny Bou-Maroun (Claviers), Youmna Jreissati (Chant), Alain Ibrahim (Guitare), Alex Abi Chaker (Batterie) + Invités : Dan Veall (Basse), Arjen Anthony Lucassen (Guitare), Michael Mills (Chant), Thomas Lang (Batterie), Marco Sfogli (Guitare), Ozgur Abbak (Guitare), Yamane Al Hage (Violon), Jokine Solban (Violon), Nobuko Miyazaki (Flûte), Mohannad Nassar (Oud), Roger Smith (Violoncelle), Prague City Orchestra, Lebanese film ensemble